Parcours scolaires et l'entrée dans la vie active : l'impact inévitable de l'origine sociale.
- La rédaction
- 16 nov. 2023
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Selon une étude réalisée en France en octobre 2023 par le Céreq auprès de 25 000 jeunes diplômés, le système éducatif du pays semble davantage contribuer à la reproduction des inégalités sociales plutôt qu'à jouer pleinement son rôle d'ascenseur social.

En se basant sur les enquêtes du Céreq, qui suivent 25 000 jeunes après leur sortie du système éducatif, les expertes, Gaëlle Dabet, Dominique Epiphane, et Elsa Personnaz, offrent une perspective inédite sur l'impact de l'origine sociale sur les parcours scolaires et les trajectoires d'insertion au cours des trois premières années de vie active. À la demande de France Stratégie, cette étude met en évidence de manière catégorique que le niveau et le type de diplôme atteint, la rapidité d'insertion professionnelle, et les caractéristiques de l'emploi occupé varient significativement en fonction du milieu social d'origine. Ces experts soulignent néanmoins que l'alternance pourrait jouer un rôle atténuant dans les inégalités sociales, en précisant les conditions nécessaires à cet effet.
Le poids des origines sociales dans l’accès aux diplômes
Les élèves issus de milieux sociaux moins favorisés sont moins fréquemment dirigés vers la troisième générale, et ils s'inscrivent plus souvent dans des filières par défaut, ce qui entraîne des parcours plus ardues au sein de l'enseignement secondaire.
De ce fait, ces jeunes obtiennent moins fréquemment le baccalauréat (un tiers des enfants issus de familles principalement ouvrières n'obtiennent pas le baccalauréat), ont moins d'accès à l'enseignement supérieur, et rencontrent davantage d'échecs à ce niveau. À la fin de leur parcours scolaire, les disparités en termes de diplômes sont significatives : tandis que 55 % des élèves ayant deux parents cadres obtiennent un diplôme de l'enseignement supérieur de longue durée, seulement 11 % des enfants issus de familles principalement ouvrières atteignent ce niveau.

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Le poids des origines sociales dans l’accès à un travail
À la sortie du système éducatif, les jeunes connaissent des débuts professionnels marqués par des disparités significatives en fonction de leur origine sociale. Les jeunes issus de milieux modestes occupent moins fréquemment des emplois à durée indéterminée, et trois ans après leur entrée dans la vie active, ils se retrouvent deux fois plus souvent au chômage que leurs homologues provenant de familles de cadres.
La reproduction sociale persiste : alors que 51 % des jeunes ayant des parents cadres suivent la même trajectoire professionnelle, cela concerne seulement 10 % des enfants issus de familles ouvrières.

Les recherches du Céreq soulignent de manière constante l'importance du niveau, de la spécialité et de la filière du diplôme dans le processus d'insertion professionnelle. Cependant, même une fois ces facteurs pris en compte, les disparités liées à l'origine sociale persistent, bien que s'atténuent. Après trois années dans la population active, en considérant des diplômes et des domaines de formation identiques, une personne issue d'une famille de cadres a 50 % de chances supplémentaires d'accéder à un poste de cadre par rapport à un individu d'origine employée, tandis qu'un jeune issu d'une famille ouvrière présente une probabilité inférieure de 20 %.
Un effet positif du passage par l’alternance pour l’accès à un emploi mais…
Opter pour une formation en alternance plutôt que la voie scolaire confère un avantage significatif pour l'accès à l'emploi, une différence qui est encore plus marquée pour les jeunes issus de milieux modestes. Ainsi, la part de jeunes ayant connu une trajectoire d’accès rapide et durable à l’EDI augmente de 21 points pour les enfants de ménages à dominante ouvrière quand ils ont suivi leur formation professionnelle en alternance par rapport à la voie scolaire. En revanche, cette augmentation n'est que de 10 points pour les enfants de familles ayant deux cadres.
Les bénéfices de l'expérience en alternance se maintiennent trois ans après l'entrée sur le marché du travail : 84 % des jeunes issus de familles ouvrières qui ont suivi ce parcours sont employés, comparé à 75 % de ceux ayant emprunté la voie scolaire. Dans l'ensemble, l'alternance semble réduire les disparités entre les origines sociales, à condition que les jeunes, en particulier ceux issus de milieux modestes, réussissent à trouver un employeur, décrocher un contrat, rester jusqu'à la fin de leur formation et obtenir leur diplôme.